
PLAIDOYER : DES CHEFS COUTUMIERS S’ENGAGENT AUX COTES DE SŒURS POUR SŒURS/TOND LAA TAABA POUR METTRE FIN A LA STIGMATISATION ET L’EXCLUSION SOCIALE DES FEMMES ET DES FILLES SOUFFRANT DE MALADIES MENTALES
Ouagadougou, 14 mai 2025 – À l’appel de l’association Sœurs Pour Sœurs/Tond Laa Taaba (SPS/TLT), seize (16) chefs coutumiers, issus de divers arrondissements de la capitale burkinabè et de villages environnants, se sont réunis ce mercredi 14 mai pour une rencontre de plaidoyer. Au centre des échanges : la stigmatisation persistante et l’exclusion sociale des femmes et des filles souffrant de troubles mentaux, et l’impérieuse nécessité d’un engagement des leaders coutumiers fort pour mettre fin à cette situation.

Un plaidoyer enraciné dans les réalités communautaires
Dans une salle modeste, mais chargée de solennité, les mots ont été choisis avec soin, les silences lourds de sens, et les regards empreints de gravité. L’association Sœurs Pour Sœurs/Tond Laa Taaba (SPS/TLT), en première ligne de la défense des droits des femmes vivant avec des troubles mentaux, a dressé un tableau sans concession : violences multiples, marginalisation sociale, rejet familial, accès limité aux soins, et violations systémiques des droits humains.
« Nos communautés continuent de considérer les femmes et les filles souffrant de maladies mentales comme une honte, une malédiction. En maintenant ces croyances, nous perpétuons le cycle de violence et de discrimination. Cela doit cesser. Et cela ne cessera que si les leaders que vous êtes prennent clairement position »
Marie Rose KERE, PCA SPS/TLT
Briser les chaînes de l’exclusion
Appuyée par des témoignages bouleversants, des données de terrain et des récits de vie invisibilisés, la rencontre a mis en lumière l’ampleur de l’exclusion que vivent les femmes concernées. Une exclusion souvent alimentée parfois même justifiée par des croyances ancestrales ou des tabous profondément ancrés autour de la santé mentale.
Les chefs coutumiers ont ainsi été interpellés sur leur responsabilité en tant que figures morales et leaders d’opinion. Le plaidoyer ne leur demande pas de renier les traditions, mais d’accompagner leur évolution, pour qu’elles servent l’humanité, la justice et la solidarité.

Un engagement promis, des actions attendues
À l’issue des échanges, plusieurs chefs coutumiers ont exprimé leur volonté de briser le silence, de protéger les femmes concernées et d’initier des actions concrètes dans leurs communautés. Ils se sont engagés à intégrer la sensibilisation à la santé mentale dans leurs activités coutumières, à défendre les droits de ces femmes trop souvent reléguées à la marge, et à soutenir les efforts de plaidoyer de l’association auprès des décideurs politiques pour une meilleure prise en compte des enjeux de santé mentale dans les politiques publiques.

« Ce que nous avons entendu aujourd’hui nous interpelle profondément. Nous devons désormais parler, sensibiliser et surtout protéger nos filles et nos femmes. Elles sont nos mères, nos épouses, nos sœurs, et elles ont droit à la dignité, à l’écoute, à l’accompagnement »,
Dapoya Naaba, Représentant des chefs coutumiers
Dans cet élan, ils ont également exprimé le besoin d’un renforcement de capacités sur les questions de santé mentale des femmes et des filles, d’un appui à l’organisation de séances de sensibilisation locales et d’initiation d’actions de plaidoyer pour interpeller les autorités communales à l’action.
Ce sont là des signaux forts, qui traduisent une volonté de changement enraciné dans les territoires.

Pour que cet engagement ne reste pas symbolique, l’association Sœurs Pour Sœurs/Tond Laa Taaba appelle les partenaires techniques et financiers à se joindre à cette dynamique. L’implication accrue des acteurs communautaires dans la lutte contre la stigmatisation ne peut se faire sans des ressources humaines, techniques et financières adéquates.
Une étape cruciale dans un combat de longue haleine
Cette initiative s’inscrit dans le cadre des projets YAMBATO, AGIR et SONG PAAGA, mis en œuvre par SPS/TLT avec l’appui de The Foundation For A Just Society (FJS), l’African Women’s Development Fund (AWDF) et du programme Feminist Opportunities Now (FON).
En misant sur l’implication des chefs coutumiers, SPS/TLT adopte une stratégie audacieuse et profondément enracinée dans les dynamiques communautaires. Une démarche féministe, décoloniale et transformatrice, qui reconnaît le rôle essentiel des acteurs locaux dans la refondation des normes sociales.
Aujourd’hui, un nouveau cap s’ouvre. Il est impérieux de renforcer, avec les soutiens appropriés, cette alliance naissante entre tradition et transformation sociale.
Pour SPS/TLT, la promotion de la protection des personnes souffrant de maladie mentale passe par l’engagement local mais aussi par la solidarité institutionnelle.
Parce que garantir la dignité des femmes et des filles souffrant de troubles mentaux, c’est aussi faire œuvre de justice et d’humanité.
Fatou FAYAMA